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Pons (Carrière du Portail Rouge)

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Pons, Carrière du Portail Rouge (Fouilles J. Gaillard)
Département : Charente-Maritime
Commune : Pons
Lieu-dit : Le Portail Rouge
Lat/long/alt : 45°34' N / 0°32' O / 32 m

Propriétaires : privés
Protection : Demander l'autorisation aux propriétaires de pénétrer.
Période d'exploitation : Du Moyen Âge jusqu'à nos jours.
Procédures d'extraction : L'extraction traditionnelle s'est faite à ciel ouvert pour ménager des aires d'entrées en carrières souterraines. L'emploi du pic à tranchant plat fait place parfois au pic pointu, plus résistant, notamment dans les niveaux du Coniacien, truffés de silex.

Géologie : La carrière du Portail Rouge se distingue de ses voisines du Sud de Pons, creusées dans le calcaire turonien, par ses affleurements du Coniacien (C4) qui donnent un bon matériau.
La pierre du Portail Rouge à Pons a fait l'objet d'un référentiel (voir La pierre et son identification).

Description : La région de Pons est connue depuis longtemps pour l’excellente qualité de la pierre de son sous-sol, la « pierre de Pons », qui s’extrait encore de nos jours aux Morineaux dans la commune voisine d’Avy. Nombreuses sont encore les entrées visibles de carrières abandonnées. Dans la seule commune de Pons, on peut énumérer les carrières des Pipelards et de la Soute au Nord, des Egreteaux, des Roches, des Chauvaux au Sud. La carrière du Portail Rouge appartient à ce dernier ensemble. La toponymie est aussi révélatrice de cette économie particulière où le terme de « pierrière » apparaît en de nombreux endroits du plan napoléonien de 1813, tant au Nord qu’au Sud. Il semble que le hameau des Roches qui recèle en son sous-sol de nombreuses cavités, et, en surface, la marque anarchique de son parcellaire, ait été, à l’origine, un village de pierrieurs. Au cours des XIXè et XXè siècles, l’extraction s’est continuée comme en témoignent les cartes postales et le rôle de la gare après l’abandon des charrettes à bœufs.

Les éléments de la géographie historique :
La première mention cartographique connue de la carrière sondée du Portail Rouge nous vient de l’ingénieur-géographe Claude Masse en 1714. La carrière porte alors le nom de « Roche de Chail ». Les fronts de taille y sont d’une relative ampleur et la carrière est visiblement, en ce début du XVIIIè siècle, en activité. On la trouve de nouveau mentionnée en 1813, sur le plan napoléonien, à proximité du hameau du « Portaille Rouge », d’où son nouveau nom. Elle est le siège aujourdh’hui de l’exploitation d’un ferrailleur.

Les données archivistiques :
Certaines carrières dont les accès sont aujourd’hui inconnus ont fait l’objet, au cours des XVIIè et XVIIIè siècles, de nombreux contrats passés devant notaires ; c’est le cas, notamment, de la carrière de la métairie de la Ferrière, propriété seigneuriale, en la paroisse d’Avy. L’archéologue y trouve matière à mieux comprendre les stratégies de l’exploitation de la carrière dont il observe les traces.
Les baux de fermage des carrières précisent souvent le nombre d’ouvriers du chantier ; ainsi, en 1776, cette carrière de la Métairie du Bois où le pierrieur Phillolleau « ne pourra employer que deux picqs », ou celle de la Ferrière où le pierrieur Allain, en 1730, « ne pourra avoir que quatre hommes y compris sa personne ». Ces contrats aussi donnent des indications sur la manière de gérer les déchets, de séparer le « chaple » (chapelure) proprement dit de la terre du «dégarni » (ou découverte) afin de remettre le plus rapidement possible la carrière à ciel ouvert en culture, disposition du contrat qui émane de seigneurs qui ne veulent pas perdre le bénéfice des fruits de la terre après abandon de la carrière..
Parfois aussi sont indiquées les dimensions des blocs marchands, comme cette ferme où le pierrieur devra fournir « cent pieds de parpin sçavoir moitié d’un pied cube (soit 30 x 30 x 30 cm) et l’autre moitié d’un pied sur un sens et de huit neuf a dix pouces de lautre (soit 30 x 21 à 27 cm) en 1758.
Les inventaires éclairent sur l’outillage. Ainsi, en 1724, le pierrieur Archambaud possédait à son décès « un picq de pierrieur un mail de fer une barre aussi de fer et cinq coins aussi de fer pour servir au mestier de pierrieur ». Dans le même ordre d’idée un outil encore inconnu a été révélé : l’« hermillieur » (peut-être un marteau-taillant).

Archives :
Pour les baux de fermage : ADCM, 3E 2818 et 3E 2551
Pour les mesures : ADCM, 3E 2806
Pour l'outillage : ADCM, E 649 et E 660

Bibliographie :
Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement, Atlas des risques de mouvements de terrain en Charente-Maritime, 1999, p. 45.
GAILLARD (J.), Les derniers carriers traditionnels du val de Charente, Association des publications chauvinoises, Mémoire XXV, Chauvigny, 2004, 102 p.
GAILLARD (J.), L’ancienne carrière du Portail Rouge à Pons (Chte-Mme), sondage-diagnostic, Bulletin de l'Association Archéologique et Historique Jonzacaise, 49, 2006, p. 9-25.

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Plan de l'Ingénieur Claude Masse (1714)
Entourée de rouge au sud de Pons : La carrière du Portail Rouge

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Colonnes engagées ayant servi de quai de chargement

Auteur de la fiche : Jacques Gaillard